Un château détruit, mais reconstitué virtuellement
Le château de Richelieu, construit entre 1631 et 1642, a été détruit dans la première moitié du 19e siècle par un marchand de biens, Alexandre Bontron. Seuls subsistent quelques jalons architecturaux : l’entrée d’honneur du château de Richelieu à l’ouest, l’ancien manège aux chevaux (appelé aujourd’hui « le dôme », les caves et l’orangerie). Il est toutefois bien connu grâce à de nombreux documents, qui ont permis de le reconstituer grâce aux technologies innovantes de la réalité virtuelle : les gravures de Jean Marot et de Gabriel Pérelle, les descriptions de visiteurs tels Jean de La Fontaine ou Voltaire, la description de Benjamin Vignier, gouverneur du château à l’époque d’Armand Jean de Vignerot du Plessis (1629-1715), qui publia en 1676 une description très fidèle du palais de Richelieu. Par ailleurs l’album Canini (du nom d’un des agents de Richelieu qui a dessiné les bustes et statues antiques du château) constitue une source précieuse pour reconstituer la collection de sculptures du Cardinal. Les façades ont ainsi pu être restituées telles qu’elles étaient au 17e siècle, décorées de sculptures disposées dans des niches.
En 2004, la commune de Richelieu a fait appel à la société Nautilus de Laval, spécialisée dans ce domaine, ainsi qu’à des historiens, pour réaliser une reconstitution en trois dimensions destinée à un large public. Depuis 2005, une projection d’un film en 3D, présentée à l’Espace Richelieu, permet de le visiter dans son intégralité et de mieux comprendre l’importance de ce château disparu, le plus grand château de France à cette époque. Versailles et Marly n’existaient pas encore. Nous avons mené ce projet évolutif, de 2004 à 2010, suite à un important travail de recherche des œuvres d’art exposées dans le château, qui a permis la reconstitution de l’ensemble des pièces du château : escalier d’honneur, grande galerie, salle des devises, appartements du Cardinal, appartements du Roi, de la Reine et de ses dames de compagnie.
Certes, suite au démantèlement du château, de nombreuses œuvres ont été perdues, mais plusieurs d’entre elles sont conservées dans des Musées (Musées du Louvre et de Versailles, Musées des Beaux Arts d’Orléans et de Tours…) ou dans des collections privées. Ainsi, douze Grandes Batailles qui ornaient la grande galerie située à l’étage de l’aile gauche, ont pu être sauvées (il y en avait vingt à l’origine). Toutes ces œuvres d’art, intégrées à la reconstitution virtuelle, permettent d’apprécier la richesse et la somptuosité du décor, et de souligner la remarquable unité du programme iconographique du château, qui inspira Louis XIV pour la construction du château de Versailles.
Pour en savoir plus : Marie-Pierre Terrien, Le château de Richelieu (XVIIe-XVIIIe siècles), Presses Universitaires de Rennes, 2009
Marie-Pierre Terrien, Richelieu, le cardinal-ministre, sa cité idéale, son héritage, Edition La Simarre, 2021.
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